Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

source. Un beau choix dans l’imitation fait leur mérite. Ce sont leurs livres qui imitent des livres, et non leurs âmes qui imitent des âmes.

Racine est le Virgile des ignorants.

Alfieri n’est qu’un forçat condamné par la nature aux galères du permesse italien.

Molière est comique de sang-froid ; il fait rire et ne rit pas ; c’est là ce qui constitue son excellence.

Molière s’est joué, dans tartuffe, de la forme des affections religieuses, et c’est là, sans doute, un grand mal.

Regnard est plaisant comme le valet, et Molière comique comme le maître.

Il y a, dans La Fontaine, une plénitude de poésie qu’on ne trouve nulle part dans les autres auteurs français.