Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/221

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ceux dont la légèreté, comme a si bien dit Saint-Lambert : craint le pilote et non l’orage.

Gardons-nous d’ôter aux hommes un des plus grands plaisirs du bon sens et de la raison, celui d’admirer ce qu’il y a de plus beau dans les spectacles politiques, l’autorité suprême en des mains fortes et capables de la porter. Quand le xviie siècle n’eût pas été éloigné, par sa morale et par ses mœurs, de faire servir la sagesse à blesser ceux qu’il respectait, il en eût été détourné par l’excellence de son goût. Tout ce que la disposition à l’insulte produit, n’est jamais beau que d’une sorte de beauté sombre, et qui ne peut donner un plaisir parfait, ni à l’écrivain qui l’a produit, ni au lecteur même qui l’admire. En faisant cet emploi de leur talent, les écrivains de ce temps n’auraient pu se contenter. Aussi évitaient-ils avec soin ce genre de mérite, que leurs successeurs ont tant recherché. Auteur aussi modeste, lorsqu’à la fin de son livre, il disait de la leçon qui le termine : je la présente aux rois, je la propose aux sages, qu’habitant paisible du monde et citoyen soumis