Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/259

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25l Je vois souvent madame de Sérilly, et je vous désire souvent dans son parc , non pas que je fasse a son me- rite l’injustice dc ne pas me plaire avec elle; mais vous avez des droits d’ainesse qui ne me permettront d’étre souverainement heureux, a Passy, que lorsque je vous y rencontrerai. J’y vois M. de Pange avec une grande utilité. Son es- prit est austere et fort, et son rire méme est profond. En m’en retonrnant , je pense volontiers a tout ce qu’il m’a dit; mais , en allant , je me sens plus pressé du désir de l’entendre , que de celui de lui parler. Si vous étiez ici, Madame , en grimpant la haute montagne , je me sentirais mu , poussé et soutenu par une double impatience. _ · · Avec lui , mon imagination est un pen contrainte ct n’ose pas se livrer a tous ses caprices. Avec vous , elle est plus it l’aise. Il veut qu’on marche , et j’aime a voler ou tout au moins a voleter. Mes petites ailes de mouche me démangent , aussitot que je pense a vous. Agréez , Madame , les assurances de mon profond respect. P. S. SoulTrez que j’ajoute un mot pour vous parler de ce bon Durans. Il y a mille ans que je nc lui ai écrit. Le pauvre malheureuxl Je voudrais bien qu’il vous arri- vat quelque grand bonheur, pour combler son ame de joie.

XII.

Villeneuve—sur-Yonne , 1795.

A madame de Beaumont , à Passy.

Ce n’est pas Desprez, Madame , qui vous a calomniée. dans mon esprit, c’est vous—méme.