Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/264

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956 inattaquable. J’ai besoin d’avoir en poche un pareil roe, _ pour l’opposer aux llots de propositions séduisantes dont mes beaux-freres commencent it nous assaillir. Je crains la puissance du voeu commun; il a sur moi un irrésis- tible empire , quand je ne me suis pas prémuni. Je ne voudrais pas mécontenter l’amitié de ceux qui m’en- tourent; mais je veux pouvoir vivre quelque temps a _ l’écart , et y paraltre comme forcé par quelque enga- ‘ gement , antérieur a la manifestation definitive de leur bonne volonté. Si mes engagements sont clairs , mon . beau·frere l’abbé trouvera tout simple qu’obligé de - payer, je veuille gagner mon argent , en passant au

moins six mois it votre campagne. Nous pourrons alors

i de temps en temps , venir .jeter les yeux sur la maison Y commune , a Villeneuve , et consentir, sans inconve- nient , a y passer la mauvaise saison. · Je vous enverrai cette apres·midi un petit commission- naire qui me rapportera , si voulez bien l’en charger, { I’état de tout ce qui est it loner autour de la maison, avec l’estimation de chaque article. Nous choisirons , puisque vous nous le permettez , ce qui sera indispensable au bien-étre de la vache , de Pane, du cheval et des poules, dont j’espere que madame de Beaumont viendra quel- quefois manger les oeufs frais : je leur recommanderai de les faire bons. ` J’ai a consoler ma femme de la mort de ma belle- mere. Malgré la fermeté de son caractere , elle est tou- jours restée dans la timidité de Penfance , a l’égard_ de la durée de ses parents; son esprit n’avait jamais osé savoir qu’ils étaient mortels. ii Il `faut bien que je me désole » , me disait-elle tout a l’heure; ii sans moi, qui pleurerait << ma pauvre mere? » —- ¤ Les pauvres », lui ai·je répondu; Digiiizsd by Gccgle