Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/295

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287 ‘ ii ser. —— Phoul pbou! phoul phou! » Me voila bien paye de ma matinee perdue, si je ne l’avais pas mieux em- ployee pour moi que pour lui! Au surplus il m’a dit qu’il traitait Kant avec respect, et qu’il n’etait tombe que sur son interprete. — C’est tout ce._que je demandais. ll s'est un peu reconcilié, par l’ell'et de notre conversa- tion , avec la matiere meme qu’il avait d’abord traitee avec si peu de consideration, et m’a dit : ii J ’imagine ii que le bonbeur d’un metaphysicien est celui de cc ii chartreux a qui l’on demandait, a l’beure de sa mort, _ ii de quels plaisirs il await-joui dans "sa vie , et qui ii répondait , en homme fort content : Cogitaui diss ii antiques et annos azternos in ments habui ( j’ai. oc- ¤ cupé mon esprit des jours anciens et des années eter- ii nelles ). » Précisement , lui dis—je , et avouez que ce plaisir en vaut bien un autre. Il en _convint, et nous dlmes ensemble que tel n’avait pas ete cependant le plai- sir que Condillac, l’lnstitut et Locke lui-meme avaient . retire dc leurs doctrines. Je ne sais a quoi ie pense de tant bavarder. C’est l’in· lluence de ma plume qui, en mon absence , a servi sans doute a quelque avocal venu chez mon frere. Elle est si usee qu’elle glisse sur le papier, malgre qu’on en ait , et qu’il serait penible de l’arreter. Je la retaillerai pour vous, l’biver prochain, car il est probable que d'ici la je n’ecrirai plus, surtout apres un tel debordement d’encre. Ten suis, pour la doctrine de Kant, sur ce que je vous ai dit en vous quittant; et j’ajoute qu’il s’est trompe du tout au tout sur la mesure dc toutes chases. Je la fais _ remonter plus haut, et j’ai raison. La mesure de toutes choses est Vimmobile pour le mobile , l`in/ini pour le li- mité, le meme pour le changeant, l’étcmcl pour le pass _ n Digiiizec by Google