Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/310

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302 observer qu’il est bon peut-etre de ne publier que ce qui peut s'établir et étre défendu avec succes ;. mais qu’il faut, a part soi , avoir beaucoup d’opinions que l’argumenta— tion peut renverser , mais qu’un sentiment sincere de soi- * méme maintiendra toujours dans le genre humain. N’admettez pas d’idées innées , si vous le voulez; ces idées ne sont pas les miennes, et je conviens que leur de- I nomination olfre quelque répuguance dans ses termes. Le mot idée porte avec soi une signilication de vue et de clarté qui exclut l’inné, quand on consulte l’expérience. Mais , au nom du ciel , ne prétendez pas que toutes nos l idées viennent des sens. Attribuez a l'ame plus d’action et de domaine personnel ; ne faites pas de cette substance I unique un simple ·lieu, un récipient ou ce qui passe par les sons , d’une maniere plus inexplicable que l’ame me- ` me, vient aboutir et se loger. S’il ne s’était agi que de la reudre capable de penser, et non pas digne du bonheur, par les combats et les victoires, Dieu , croyez-le bien , n’aurait pas eu besoin des sens; il ne lui aurait fallu ni I chair, ni sang , ui moelles , ni visceres. L’ame subit ici- ‘ bas son épreuve; elle vit au milieu des obstacles oii Dieu I l'a voulu placer; elle se forme dans le moule oin il l’a jetée; mais je ne puis admettre que son enveloppe passa- gere , que son habit et sa maison soient pour elle le che- min unique et presque la cause de ses plaisirs , de ses peines , de toutes ses perceptions. ¤ Au moins sait-elle . 4 qu’elle existe ,_et a-t-elle inné avec elle le sentiment ¤ de sa personalité », disait Leibuitz; et il avait raison. ‘ On ne peut méconnaitre , en etiet, qu’il y a en nous des dispositions, des goats, des penchants, des sentiments innés. Or, qu’est-ce, je vous prie, que des dispositions, des goats et des penchants pour l’ame‘? D’oi1 viennent-ils, l Dagmzoo by Gccgle {