Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

304 vienne la regle naturelle du juste et de l’injuste, du beau _ moral et du difforme, si ce n’est de ce modele de justice et de beaute auquel, sans le voir, nous nous sentons por- · tes it tout comparer? Oui, Dieu sensible a Fame et devenant pour elle une regle qui la touche et qu’elle ne voit pas, mais a laquelle, _ autant que peut le supporter sa liberte, elle est forcée de se conformer, parce qu’elle en a de toutes parts le sentiment; Dieu devenant par sa presence perpétuel le, quoique ca- chee, le principe, la cause constante et l’auteur du sen- timent du juste et de l’injuste, c’est la une idee qui est iixee en moi, qui vient, qui revient, qui se represente fa- cilement, dans les agitations memes de Pexistence exte- l rieure, comme une chose vraie, solide et pleine de realité. l Au surplus, vos idécs néccssaircs me plaisent fort. Il faut que je cberche pourquoi, car une partie de notre esprit Q est toujours fort utilement employee a observer l’autre. Il me semble que la doctrine des idécs acquiscs livre au ha- sard des rencontres la vertu et la verite , et une partie du mecontentement qu’elle fait éprouver a l’esprit pourrait tenir a la crainte secrete qu’elle inspire d’un tel danger. La doctrine des idécs innécs peut bien etre une erreur, ` mais du moins elle ne donne point a l’esprit une mauvaise disposition. Loin de blesser les grandes verites, elle les suppose et le rappelle. Il y a de Ia simplicite de cuaur ' et une sorte de bonhomie philosophique it y croire, et l’on _ ne peut etre d’un tel avis sans avoir Dieu et Fame iucor- ! porelle presents a la pensee. L’opposition au spiritualisme a cause toute leur disgrace, et les idécs acquiscs n’ont fait fortune que par la raison opposee : le materialisme y etait a l’aise. Avec vos idées néccssaircs, vous sauvez tout. Elles sus- Dagmzso by GOOg[€