Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/322

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314 pour empoisonner mes paroles ; mais je soutiens que vous avez vu mon tort en caricature, et me l’avez defiguré. Je declare aussi, puisque l’occasion s’en présente , que vous etes heureux a la replique, et que toutes les fois que vous . développez vos dires , vous me paraissez avoir raison. Je veux , avant de finir, vous dire un grand mot que je me suis dit bien souvent. Sans y penser, sans le sa- voir, sans le vouloir, vous avez platonisé. Toute la der- ' niere feuille de citations que je vous ai envoyee, le mon- tre surtout evidemment, et je le montrerais par bien d’au- tres passages, si je voulais. Cela m’a prouve, a ma grande satisfaction , ce que j’ai dit souvent , que naturellement, _ sans l’aimer et sans le connaitre , on ressemblait a Pla- ton, quand on excellait —dans les matieres elevees. La force du sujet le veut , car Platon est la metaphysique , comme Homere est Ia poesie. S‘ll fallait faire leur part a I ses admirateurs , tel que je suis , et a ses non-partisans , tels que sont une infinite d’autres , je dirais qu’en le li- ! sant on n’apprend rien, mais on se trouve transporte dans 4 les regions ou tout s’apprend. On voit , dans tous ses eorits , la lumiere , mais pas un objet bien eclaire. Ne le lisez pas de longtemps : je vous le citerai assez. Quelque jour il vous ravira, car les yeux de l’esprit s’accoutument insensiblement a y decouvrir ce qu’on ne peut y aperce— voir sans étre préparé et comme initie. J’aurais eu encore beaucoup de petites choses a vous dire; mais le temps sur lequel j’avais compte ce matin , me manque. Avec le temps je dirai tout. Je vais me mettre dans mon bain , ou l’on m’appelle. Dagmzso by