Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/352

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344 d’en étre inquiet. Je vis a cet égard dans une inditlérencc qui n’est pas un des moindres e§'ets du mal. Il me reste encore assez de sensibilité pour m’apercevoir de ma fai- blesse, mais pas assez pour avoir le désir do m’en plain- » dre; si cela continuait, je n’y penserais plus, et n’y pren- drais plus garde; car une longuc habitude de vivacité est, je crois, la seule chose qui m’ait décidément empé- ché de regarder cet engourdissement comme mon état _ naturel. ~ Un tel execs d’inutilité et d’inaction est fort triste , a mon avis; mais il ne m’attriste point du tout , ce qui est aifrcux. Il est vrai que je pense que cette situation chan- gera d’un moment it l’autre. J’y comptais si bien , que , depuis mon arrivée, j’espérais cbaqne jour pouvoir vous annoncer le lendemain que fétais mienx. Mais ma bétise · et mon silence se sont éternisés, sans m’impatienter seu- lement. Vous conviendrez que c’est un mauvais signe que cette tranquillité machinale. Ohl si c’était de la ré- l signation l_ mais je suis incapable de faire un pareil mon- 4 vement; a peine en ai-je le souhait; je n’en ai que l’es- time et la passive volonté. D’oi1 toutcela vient-il? je n’en sais rien. J’ai , il est vrai, force, contristé et contrarié, pendant quelque temps, mon attention, mais non pas an point de m’excéder jus- que·la. Quant au remede, j’ai usé de toutes sortes de va- riétés, pour le trouver dans les aliments. Je vais le cher- cber dans l’abstinence. Une diete plus severe , dont j’ai essayé hier, m’a donné un peu plus d’esprit, pendant le jour, et beaucoup plus de calme pendant la nuit. Enfin j’ai, ce matin, la possibilité et le plaisir de vous écrire. (Test un grand pas , et cela doit un pen vous réconcilier avec le Iait, auquel j"’ai eu recours, et contre lequel vous Dagmzsd by Gccglc