Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/358

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350 1`Iontvotre Iettre est pleine plus que les autres, m’ont tnes- sensiblement touche. Bonjour. XLVI. Villeneuve-sur-Yonne , le 18 fevrier t805. A M. Molé., d Paris. Je me porte extremement mal; si mal qu’il n’y a eu guere de jours , depuis que j’ai regu votre lettre , oii je n’aie deliberé de partir le lendemain pour Paris, dans la seule intention de consulter les medecins, espece d’hom- mes dont les ordonnances ne pourraient guere qu’aggra- Q ver mon mal, mais dont il ne faut jamais avoir a se repro- ‘ cher de n’avoir pas interroge Pexperience. . L’impulsion precedente et la puissance d’une resolution premiere; l’espoir d’un changement en mieux, qui renait | au moindre relache du pire; le printemps qui s’approche; Vaccroissement des jours dont je puis mieux jouir ici; les regrets et presque les remords que j’aurais d’arriver la- bas, avec une foule de oommencements dont je ne tire- rais plus aucun parti, meme pour moi, si je changeais de place, dans l’etat on ils sont; le pen de plaisir que j’au- rais d’arriver, en partant ainsi mecontent; le trop pen d’agrement que causerait infailliblement a ceux que j’ai- merais a voir, dans des circonstances meilleures, la pre- sence d’un homme aussi mal dispose que je le suis; mille petits derangements qu’occasionnent toujours les resolu- tions subites et la rupture des premieres resolutions ; enfin _ l°embarras d’emporter son bonnet de nuit, comme le disait Fontenelle, me retiendront probablement, dans le lieu oi: je suis, jusqu’au temps que je m’etais prescrit. ll me reste pen d’esperance maintenant de vous voir ar- ¤.g.t.Z€dbyG00gle l i