Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/456

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M8 vous devriez au moins on avoir horreur comme d’un scan- i dale donne au monde , ou d’unc dillormite politique hor- T rible a voir. Les desordres que vous supportez, non-seu- l lement avec indiiference, mais avec une espece d’orgueil, et pour le seul plaisir de peuser, de dire et de montrer que vous etes libres, me prouvent seulement que vous etes fous. Et si vous ne l’etiez qu’a vos risques et périls, en- core passe; mais vous l’etes certes an detriment du genre bumain. Vos fatales prospérites vous ont domie un tel eclat , comme nation, et cet eclat a inspire aux peuples uu tel desir de vous imiter, pour vous egaler, que tous vos exemples sont contagieux. Vous avez rempli le monde do funestes emulations. Pour etre riche, comme vos fabri- , cants, on voudra etre turbulent et seditieux comme vos ouvriers. Pour paraitre imperturbable et hardi comme vos i politiques , on en viendra a rire , comme vous le faites, de ces agitations d'esprit qui sont Ie plus grand des des- V ordres, si la paix et la concorde sont le plus grand des biens. Or, la concorde et la paix sont le seul bien que le vrai législateur doive se proposer, paree que sans elles il n’y a , pour un peuple , ni bonheur assure , ni vertus constantes et faciles. Toute votre patience, si vous voulez la raisonner, ne peut au fond etre etre etablie que sur cette idee : que l’l1onneur et le bonheur d’uu -peuple consistent a se remuer, quand il veut, et que le meil- leur des gouvernements est celui qui le laisse toujours aller jusqu’aux bords du pillage et de l’incendie, sauf a ° Varreter quand il en sera la. Pour appuyer solidement un tel principe de conduite , il faut cn venir aux theories des Sismondi et des Stael : ¢< Que le mouvement, quel qu’il ii soit, est le plus grand bien de l’esprit , le plus grand ii bien de notre ccrur, do notre-corps ct do notre aime. » < I . 1 Digiiizee by Gccgle I