Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/46

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Une des causes principales de la corruption et de la dégradation de la poésie est que les vers n’aient plus été faits pour être chantés.

Le chant est le ton naturel de l’imagination.

On raconte l’histoire, mais on chante les fables ; la raison parle, mais l’imagination fredonne. Si les maximes et les lois offrent une sorte de mesure, c’est que la mémoire aime les cadences, et que le souvenir se plaît aux symétries.

Il faut que son sujet offre au génie du poëte une espèce de lieu fantastique qu’il puisse étendre et resserrer à volonté. Un lieu trop réel, une population trop historique emprisonnent l’esprit et en gênent les mouvements.

Tout ouvrage de génie, épique ou didactique, est trop long, s’il ne peut être lu dans un jour.