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XLVI.

On ne peut trouver de poésie nulle part, quand on n’en porte pas en soi.

XLVII.

La poésie construit avec peu de matière, avec des feuilles, avec des grains de sable, avec de l’air, avec des riens. Mais, qu’elle soit transparente ou solide, sombre ou lumineuse, sourde ou sonore, la matière poétique doit toujours être artistement travaillée. Le poëte peut donc construire avec de l’air ou des métaux, avec de la lumière ou des sons, avec du fer ou du marbre, avec de la brique même ou de l’argile : il fera toujours un bon ouvrage, s’il sait être décorateur dans les détails et architecte dans l’ensemble.

XLVIII.

Les mots s’illuminent, quand le doigt du poëte y fait passer son phosphore.

XLIX.

Les mots des poëtes conservent du sens, même lorsqu’ils sont détachés des autres, et plaisent isolés comme de beaux sons. On di-