Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/84

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sonner son style, pour qu’on puisse dire de lui : il a de l’or.

Il n’y a point de beau et bon style qui ne soit rempli de finesses, mais de finesses délicates.

La délicatesse et la finesse sont seules les véritables indices du talent. Tout s’imite, la force, la gravité, la véhémence, la légèreté même ; mais la finesse et la délicatesse ne peuvent être longtemps contrefaites. Sans elles, un style sain n’annonce rien qu’un esprit droit.

Ce n’est pas assez de faire entendre ce qu’on dit, il faut encore le faire voir : il faut que la mémoire, l’intelligence et l’imagination s’en accommodent également.

Si l’on veut rendre apparent ce qui est très-fin, il faut le colorer.

Les images et les comparaisons sont nécessaires, afin de rendre double l’impression des