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Page:Joubin - Histoire de la Faculté des Sciences de Rennes.djvu/199

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La thèse si remarquable qu’il composa à cette époque et qu’il soutint aux applaudissements de tous les amis de la Science, le désignait pour une position dans l’Enseignement Supérieur. D’ailleurs le séjour de Paris ne lui plaisait que médiocrement et il désirait avant tout une place de Professeur de Faculté, où il espérait avoir le temps de produire, avec maturité, les travaux originaux et profonds dont le plan était déjà arrêté dans son esprit. M. le Directeur de l’Enseignement supérieur, dont la bienveillance est acquise d’avance à tous les jeunes gens de mérite, l’envoya à Rennes, puis à Besançon, dans le voisinage de son pays natal. La mort est venue le surprendre dans cette dernière ville, et Didon n’y a passé que peu de temps ; mais déjà l’influence de son enseignement y avait été considérable. Un juge des plus compétents, M. Faurie, alla entendre une de ses leçons à la Faculté. La clarté de l’exposition, la netteté des idées du jeune professeur, tout le charma, et il me parlait récemment de notre jeune camarade avec un enthousiasme et des regrets attestant la vive impression qu’il avait reçue.

Didon envoyait régulièrement à nos annales, au journal de M. Liouville, de beaux travaux qui confirmaient les espérances conçues par ses maîtres et qui nous promettaient un véritable géomètre. Au moment même où il se sentait atteint par la maladie, il ne cessait de produire, et l’on peut dire que la mort l’a surpris travaillant encore.

Nous aurons à recueillir un enseignement dans le spectacle de cette vie si bien remplie, et si prématurément interrompue. Il est digne d’un esprit élevé de s’occuper, sans relâche, des plus nobles et des plus hautes études. Didon a su remplir ce devoir dans toute son étendue.

Faisons en sorte de mériter ce témoignage, que nous aurons la consolation de rendre à notre regretté camarade. Nous aurons le droit d’être fiers de Didon, car il ne s’en est allé qu’après avoir montré à tous, par des signes non équivoques, ce qu’il valait et ce qu’il aurait été capable de faire.

G. Darboux.

Notice extraite des Comptes Rendus de l’Association des Anciens Élèves de l’École Normale,