Page:Jouffret - De Hugo à Mistral, 1902.djvu/71

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nelle, où s’exerce l’analyse psychologique — c’est le premier recueil (1865—1866).

2° Dans les deux recueils suivants (de 1866 à 1878), je trouve une poésie plus impersonnelle, où se fait l’alliance la plus parfaitç de la philosophie et du sentiment poétique.

3° Enfin, dans la dernière période (de 1878 à 1888) la philosophie prend le dessus, et la poésie, sans être complètement étouffée, est réduite à un rôle subalterne. Philosophiae ancilla poesis.

Naturellement, ces trois moments ne sont pas séparés, dans la réalité, comme ils semblent l’être dans mon analyse. Il n’y a pas dans les faits psychologiques des divisions nettes, des séparations bien tranchées. Vous pourrez trouver, dans le premier recueil, des pièces qui annoncent la seconde manière (v. par exemple F Idéal) et même ce que j’ai appelé le troisième moment de l’évolution (v. par exemple l’Habitude). À plus forte raison, trouvez-vous dans les dernières productions des morceaux qui rappellent les premières. Mais il suffit, pour que notre analyse ne soit pas artificielle, qu’il y ait, à chacun des moments que j’ai marqués, certaines tendances dominantes. Et je crois que cette division générale ne peut pas être sérieusement contestée.

Je me propose d’ailleurs de la justifier par le détail, en vous donnant des exemples, et en essayant de caractériser, avec plus de netteté, chacun de ces moments que je me suis contenté d’indiquer brièvement.

I. Premier moment.

Voici d’abord le premier recueil Stances et Poèmes, Je laisse de côté les Poèmes, qui bien qu’imprimés à la suite des Stances ont été composés les premiers (j’emprunte ce renseignement à M. Jules Lemaître). Le poète y cherche son originalité, et ce n’est que par endroits qu’il semble l’avoir trouvée. Mais les Stances sont déjà très belles, très pures de forme, et très suggestives, et je sais des per-