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JEAN GIGOUX

ARTISTES ET GENS DE LETTRES DE L’ÉPOQUE ROMANTIQUE


A

u mois de janvier 1882, nous nous trouvions dans l’atelier de Gigoux. Le peintre étalait sur une vaste table des portefeuilles sans nombre, gonflés de dessins de maîtres. Auprès de lui, debout, M. Féral, l’expert justement apprécié, distinguait au passage une sanguine, une mine de plomb, une sépia dont il faisait valoir le mérite, et l’œuvre ainsi remarquée allait prendre place sur un guéridon au milieu de cent autres dessins déjà destinés aux enchères. Gigoux méditait une vente. Sa collection trop riche l’obligeait à se séparer d’un millier de pièces. Naturellement il se garderait d’offrir au public les moins belles. Son honneur d’artiste était engagé dans l’affaire. On saurait à l’Hôtel Drouot la provenance des œuvres mises en vente. Il convenait que le goût affiné du peintre se trahît par l’excellence des croquis, des compositions de tout ordre que le commissaire-priseur placerait sous les yeux des amateurs. M. Féral, prudemment appelé par Gigoux, sut procéder au choix des pièces à vendre avec la sagacité du connaisseur.

L’heure était venue d’informer le public de l’évènement du lendemain. J’étais là ; on me mit la plume dans la main. Je m’installai tant bien que mal sur un coin de table et j’écrivis :