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PAUL MARGUERITTE

Margueritte qui professe une respectueuse admiration à la fois pour Mallarmé et pour de Goncourt, ne s’est confiné dans aucune petite chapelle ; sa libre esthétique va d’Alphonse Daudet à Tolstoï, de Dickens à Rosny. Ouvert, compréhensif, indulgent, suprêmement délicat et bon, il considère l’existence avec une philosophie mélancolique et pitoyable qui le rend réfractaire aux attaques empoisonnées si fort à la mode depuis quelques années chez les gens de lettres. C’est une âme d’élite incapable d’une vilenie, un honnête homme dont l’amitié honore.

Si je ne craignais de me fâcher avec cet ami de choix, je dirais que le maître écrivain est doublé d’un mime incomparable ; les intimes et quelques privilégiés se rappellent avec quel génie de l’horreur il a autrefois interprété sa propre pantomime Pierrot assassin de sa femme — un chef-d’œuvre terrifiant comme de l’Hoffmann. — Mais Margueritte aimerait peu voir sa personnalité d’artiste polluée par la gros-