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LES DÉCORÉS

un entraînement ensorceleur, il a pu se dégager d’une influence tyrannique dont le charme présentait le suprême danger ; il a tenu à éviter les conceptions historiques à la Claude Lorrain du peintre anglais et l’exécution un peu sèche, un peu hiératique des aquarellistes de l’Extrême-Orient. On retrouve en lui le paysan qui aime la terre avec une sorte de sensualité brutale et puissante, le rustre qui adore son champ, d’instinct, sans ratiociner, sans chercher à parer sa passion de phrases sonores ou de métaphores romanesques.

Très apprécié des délicats, le vieil artiste vit loin des clabauderies et des vaines querelles d’écoles ; il fuit le galvaudage des expositions annuelles, évite les interviews, ne cultive pas le mot spirituel, ne se pose pas en victime et, — sûr de son talent, sûr de la justice immanente qui remet, tôt ou tard, chaque être à sa place, sûr de la cimaise qu’il occupera au Louvre — il sourit dans sa soyeuse et longue barbe grise du mal que se donnent, pour ob-