homme du meilleur monde, portant un des plus vieux noms de la noblesse toulousaine.
Pour mener une existence aussi effroyablement folichonne, je me demande parfois si Toulouse-Lautrec n’est pas la victime de quelque vœu ancestral. Un de ses aïeux qui a été aux Croisades n’aurait-il pas imposé à son descendant l’abominable supplice du plaisir à perpétuité, afin de racheter, dans le Purgatoire, une faute grave commise en Palestine ? On avait l’imagination si perversement cruelle au Moyen-Age, qu’il faut s’attendre à tout de ces sombres tortionnaires.
Ce qui me porterait à accepter volontiers cette hypothèse, c’est l’impression de tristesse morne émanant des œuvres — œuvres admirables d’ailleurs — du jeune artiste. Les milieux qu’il fréquente, les personnages qu’il coudoie sont rendus, par lui, avec une extraordinaire âpreté, une féroce rancune, une haineuse rage, une sourde soif de vengeance. Ah ! il ne les voit pas d’un œil bienveillant ses confrères en