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LES DÉCORÉS

aime, la plume ou l’épée à la main, de cet emballé qui pousse le culte de l’amitié jusqu’à se passionner pour la musique et la peinture, — auxquelles il est à peu près fermé — dès qu’il s’agit de musiciens et de peintres amis, on s’en console en lisant les pages exquises rapportées de là-bas, pages imprégnées d’un exotisme troublant, d’un parfum grisant, d’un charme étrange, d’un talent viril, qui placent l’écrivain à part, dans l’état-major des lettres. Personne n’a su pénétrer autant que lui dans l’âme même des pays lointains sur lesquels se sont fixées et son observation de naturaliste et sa vision de poète. Dans ce genre, l’Opium et surtout Passagère vivront comme deux œuvres d’une tonalité exceptionnellement charmeresse. Ces chants d’amour lancés à plein cœur sous des cieux radieux, près de flots miroitants, au milieu d’une nature dont l’artiste évoque magnifiquement le fastueux décor, font passer un frisson de volupté à fleur de peau du lecteur.