Mallarmé a donné le premier coup de barre vers le symbolisme et l’Au-delà. Dans son sillage se sont engagés des enthousiastes, des sincères et aussi des adroits, quelques esprits supérieurs et beaucoup de camelots de lettres, qui crient plus qu’ils ne produisent et qui se montrent plus avides de réclame que de gloire.
Et pourtant, Dieu sait l’existence retirée et digne menée par le maître de ces trop bruyants disciples !
L’incomparable traducteur d’Edgar Poë — que la littérature n’a pas précisément enrichi — a longtemps vécu de ses appointements de petit professeur d’anglais au collège Rollin.
Entouré d’amis de choix qui jouissent du charme ensorceleur de sa conversation et de la douceur musicale de sa voix, il fuit le puffisme et l’interview ; tout à son rêve de poète, dans une sorte d’hypnose, colorant de fulgurances éphémères les réalités de l’existence, il marche au milieu de nous en dormeur