Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/106

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Une jeune femme de vingt ans, dénoncée et arrêtée comme pétroleuse, fut conduite au général de Galiffet :

« — Qu’on la fusille ! dit-il.

— Elle porte dans ses bras un enfant de quelques mois, que faut-il en faire ?

— Fusillez-le aussi, il faut que cette graine disparaisse ! »

Cinquante-cinq mille personnes furent arrêtées en une semaine.

Trois cent cinquante mille dénonciations furent adressées à la préfecture de police et à la justice militaire ; les honnêtes gens se disputaient l’honneur de pourvoir les conseils de guerre. Les éléments ne leur manquaient pas : aux élections de la Commune, celle-ci avait été acclamée par deux cent vingt-cinq mille votants.

Nous n’avons pas l’intention d’entrer dans le détail des turpitudes et des infamies auxquelles s’est livrée une armée française traitant la capitale de la France en ville conquise, abandonnée à ses sanguinaires fureurs.

Deux millions d’hommes ont été les témoins terrifiés et muets des actes monstrueux accomplis par une armée en délire, soûle de vin et de sang.

Un jour viendra, nous l’espérons, où tous ces spectateurs seront appelés à déposer contre les sauvages vainqueurs de la Commune de Paris.

Il est du devoir, croyons-nous, de chacun des acteurs ou des spectateurs de ce drame sanglant, de