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Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/117

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pensés, tandis que le forçat français n’a pas l’espoir d’améliorer sa triste position ; il ne reçoit aucun encouragement, son travail n’est jamais rémunéré, sa bonne conduite ne peut apporter qu’un adoucissement dérisoire au régime qu’il subit ; soumis à une règle de fer, à un emprisonnement continuel, courbé sous le poids de ses chaînes, il perd, dans un inutile et honteux esclavage, ce qui lui restait de dignité.

Quelques publicistes ont écrit de courtes pages sur le régime actuel du bagne, mais aucun d’eux n’a étudié de près, n’a voulu aller au fond des choses et mettre le doigt sur la plaie en indiquant le remède énergique qu’il faudrait employer pour rendre au travail productif, à l’humanité, des milliers d’hommes que tant de circonstances sociales, si souvent indépendantes de leur volonté, ont rendus inutiles et dangereux.



Au bagne, les forçats sont divisés par catégories. Dans la quatrième classe, accouplés deux à deux, portant la double chaîne, presque toujours au pain et à l’eau, sont relégués les condamnés les plus dangereux, les plus indisciplinés, ou, tout simplement, ceux qui ont eu le malheur de déplaire à l’un de leurs gardiens.