Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/121

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après qu’il aura subi une expiation trouvée suffisante par ses juges.

Une aventure dont j’ai été témoin terminera un chapitre que j’ai cru devoir écrire pour appeler l’attention des hommes de pensée et de cœur sur une question trop négligée et qui devrait, comme tant d’autres, être résolue depuis longtemps par une solution conforme à l’humanité et à la justice.

Pendant le séjour que je fis à Nouméa, je me rendis un dimanche sur les bords de la Dumbéa, à vingt kilomètres de la capitale néo-calédonienne, pour visiter quelques camarades de déportation employés chez des colons qui avaient créé de ce côté des établissements d’une certaine importance.

Nous déjeunâmes, mes amis et moi, à l’unique auberge du pays. C’était une des constructions les plus agréables de l’île. Sous une large verandah, des tables entourées de chaises recevaient d’assez nombreux consommateurs ; ceux-ci étaient des colons des environs, des fonctionnaires, des officiers, des gendarmes en résidence dans cet endroit qui est le centre d’une petite agglomération.

Pendant le déjeuner, nous vîmes entrer un homme de vingt-cinq à trente ans environ ; il portait très élégamment un modeste costume d’ouvrier dont la propreté et la bonne tenue attiraient le regard ; sa physionomie, encadrée d’une longue barbe châtain clair, était extrêmement intelligente et sympathique. Il demanda fort convenablement à un petit kanaque, qui faisait l’office de garçon, un verre de limonade.