Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/13

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Bien que tous mes camarades de la déportation simple eussent droit à cette amélioration, il s’en fallait de beaucoup qu’ils pussent sûrement y prétendre. C’était encore là-bas, comme devant les conseils de guerre, les hasards d’une véritable loterie qui venaient accroître ou adoucir les conséquences de notre participation à la révolution du 18 mars.

Pour les uns — le bagne avec ses honteuses promiscuités, ses tortures physiques, ses douleurs morales plus terribles encore.

Pour d’autres — la déportation dans une enceinte fortifiée, sur une presqu’île aride, sans eau, sans ressources d’aucune sorte, avec un régime tout au plus suffisant pour ne pas mourir de faim, régime aggravé par les fureurs d’une chiourme mise au service d’une administration militaire tyrannique et cruelle.

Enfin, pour trois mille condamnés à la déportation simple, un régime en tout semblable à celui des déportés de la presqu’île Ducos, mais avec cette faible espérance de pouvoir, dans un temps plus ou moins rapproché, quitter l’enfer de l’île des Pins pour le purgatoire de Nouméa.

Mais la Nouvelle-Calédonie, grâce à son intelligente administration et après une occupation de vingt-cinq années, n’offre, pour ainsi dire, aucune ressource aux ouvriers parisiens. Quatre à cinq cents peuvent espérer d’y trouver le pain quotidien ; pour les autres, arrivés trop tard, ou de profession