Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rencontrai quelques jours après parfaitement rétabli. Il fut, néanmoins, retenu trois semaines à l’hôpital. Le commandant territorial voulait faire un exemple, et il tenait à donner à l’affaire la plus grande importance.

Les quatre déportés comparurent devant le conseil de guerre et, en deux heures, l’affaire fut entendue. Quatre condamnations à mort étaient prononcées.

Cependant, l’un des condamnés était absolument innocent, ses trois camarades le déclaraient avec la plus grande énergie. Pas un témoignage n’était venu l’accuser. Il n’avait à sa charge que l’étroite amitié qui le liait aux trois coupables, mais il fallait, paraissait-il, quatre exécutions.

Elles eurent lieu à l’île des Pins, entourées d’un appareil formidable.

La garnison de l’île fut doublée. Une batterie d’artillerie, installée dans la plaine d’Uro, choisie pour le lieu de l’exécution, montrait à la déportation la gueule menaçante de ses canons.

La chiourme, en grande tenue, chassepot étincelant, revolver au côté, apportait son concours à cette belle fête ; dans ses rangs, serait choisi le peloton qui devait avoir les honneurs de la journée.

Les quatre condamnés arrivèrent, calmes, fermes, impassibles, saluant d’un sourire les camarades qu’ils reconnaissaient et qui étaient venus leur donner un adieu suprême.

En tête des condamnés marchait un enfant de