Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/17

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La Rance se disposa pour l’appareillage — mais survint un contre-temps. Sous l’habile direction du capitaine de vaisseau Gaulthier de la Richerie, le navire a perdu, dans la nuit qui précède le départ, deux de ses ancres ; depuis le matin on est à leur recherche.

Enfin, on vient de les découvrir et il faut se livrer, jusqu’au soir, aux plus fatigantes manœuvres pour les recueillir.

Messieurs les passagers déportés, c’est le nom que nous donne le capitaine de manœuvre, font partie de l’équipage et, pendant une grande partie de la journée, il nous faut, avec les matelots, virer au cabestan.

Je ne connais pas de besogne plus éreintante que celle qui consiste à tourner, au nombre de soixante hommes, autour d’une espèce de roue horizontalement placée, et à pousser de toute sa vigueur sur des bras qui représentent, à peu près, les rais de la roue. Pour nous donner du cœur à la besogne, un clairon sonne avec énergie une marche rapide qui nous fait courir en mesure. Le second maître nous encourage par ces formules étranges : « Marche avec tes mains, marche avec tes pieds, garçon ». Une fois