Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/29

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Nou, aux déportés de la presqu’île Ducos, aux surveillants, gendarmes, etc. ; de fournir, en outre, le bétail, sur pied, nécessaire pour le retour aux navires de l’État et du commerce.

Le chiffre d’affaires avec l’administration s’élevait, de ce chef, à plus de 80 mille francs par mois. L’habile négociant, Higginson, s’était emparé, avec une rare audace commerciale, du monopole des fournitures du gouvernement. En dehors des viandes sur pied ou abattues, il approvisionnait l’administration de toutes les farines nécessaires.

Le mouvement commercial de cette maison s’élevait à environ 4 millions de francs par année ; le commerce général de l’île ne dépassant pas dix millions de francs, on voit que la maison Higginson s’était attribuée la part du lion.

Pour Higginson, les soumissions étaient de simples formalités, dont il savait éluder les engagements lorsque ceux-ci ne lui laissaient pas de bénéfices satisfaisants.

Après l’inventaire que je lui dressai et qui constatait un léger déficit, il se rendit chez le gouverneur et, bien que sa soumission l’engagea pour une année encore, il obtint une surélévation de ses prix de vente de près de cinq centimes par kilogramme. C’était, en sa faveur, une différence de deux mille francs par mois. Il en avait été de même pour un marché de farine, marché véritablement scandaleux qui causait à l’administration une perte de plus de cinquante mille francs par an. Ces deux soumissions