nouveau dans le pénitencier que nous avions quitté.
Notre société d’aide mutuelle, l’Union, créée avec l’approbation du gouverneur, avait irrité au delà de toute expression quelques hauts mandarins.
N’avions-nous pas réussi à fonder, entre nous et avec le seul concours des travailleurs déportés de Nouméa, une Société qui fonctionnait avec une régularité attestant les sentiments de solidarité qui nous animaient tous ?
En trois mois, nos recettes s’étaient élevées à la somme de 813 francs, nos dépenses avaient été de 738 francs. Nos débiteurs représentaient un actif de 400 francs. — À l’aide de ces ressources nous avions pu soigner tous nos camarades malades, soit à domicile en payant un médecin, les médicaments et en versant 2 francs par jour, soit en obtenant leur admission à l’hôpital par le versement des 8 francs exigés par jour de maladie. Nous avions pu fréquemment venir en aide à quelques-uns de nos compagnons surpris par le chômage ou par l’arrivée de leur famille venue de France pour partager leur exil.
Un tel exemple de concorde et de solidarité ne pouvait se tolérer davantage, et j’appris que la situation du président de la Société était fort menacée en haut lieu. Mes camarades avaient bien voulu me désigner pour ce poste de confiance.
Il fallait donc, à tout prix, essayer de se soustraire aux caprices et à l’arbitraire de nos geôliers.