Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/37

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déportation, une démarche afin d’obtenir l’autorisation de visiter des camarades moins heureusement favorisés que moi.

Peut-être serais-je utile à quelques-uns d’entre eux en créant à Nouméa les débouchés qui leur manquent, et en trouvant auprès de colons libres, qui n’avaient cessé de nous témoigner une active sympathie, l’aide que l’administration refuse absolument au déporté pour améliorer, par le travail, sa déplorable situation.

Je dois dire que ma demande fut accueillie avec bienveillance et que je reçus immédiatement l’autorisation demandée.

Il ne manquait plus que les moyens de transport qui restaient à ma charge. La permission accordée était formelle à cet égard. Elle était libellée de la manière suivante : « Le déporté simple Jourde est autorisé à se rendre à la presqu’île Ducos par ses propres moyens. Il devra à son arrivée remettre la présente autorisation à M. le commandant territorial. — Nouméa, le 25 février 1874. »

La difficulté fut facilement vaincue, grâce à l’obligeance d’un camarade de déportation, Bastien Granthille, qui devait être plus tard d’un si grand secours à l’évasion.

Granthille était chargé de transporter tous les jours, à la cantine de la déportation, des approvisionnements de toutes sortes : légumes, vins, liqueurs, tabac, etc. La plus grande partie de ces marchandises était destinée au camp militaire établi pour la