Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/49

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le soir ou le lendemain matin que notre disparition peut être constatée. N’avons-nous pas une avance suffisante pour défier toute poursuite ?

» L’économie du projet me paraît bien simple : faire quelque chose d’invraisemblable. Trouver trois déportés résidant à Nouméa, qui n’hésitent pas à jouer leur peau pour aider quelques camarades à conquérir la liberté, et qui résolûment viennent, entreprise insensée, les enlever en plein camp militaire. C’est certainement de ce côté que la surveillance sommeille.

» Je ne dissimule pas que le projet qui vient de germer dans mon esprit soit construit à la diable, mais je le crois réalisable et de plus j’ajoute : Les trois déportés sont trouvés. Je serai de ceux-là si mon plan te paraît acceptable. Ce qu’il faudra surtout, c’est une grande prudence et une grande discrétion. Vous habitez tous trois une case un peu isolée, tes compagnons d’évasion seraient donc Rochefort et Pain. J’espère obtenir une nouvelle autorisation dans une quinzaine de jours. À cette époque je reviendrai avec des détails plus précis. »

Paschal Grousset, me serrant énergiquement les mains, me remercia en quelques paroles brèves et émues. « Merci, ami, fais pour le mieux, nous sommes à ton entière disposition ; nous tenterions l’impossible pour sortir de cette galère. Je compte sur toi. Reviens bientôt, il y a longtemps que je n’ai été si heureux. »

Je rentrai à Nouméa, vivement préoccupé, comme