Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

francs pour chaque fugitif. Vallerstein venait donc me proposer de profiter de l’offre du capitaine.

Je le mis immédiatement au courant de nos intentions, et lui appris que Ballière et moi avions formé le projet de sauver trois de nos camarades de la presqu’île Ducos. L’évasion serait donc, en y comprenant Bastien Grantille, composée de six personnes, trois déportés simples et trois déportés dans une enceinte fortifiée. En présence des risques graves que cette opération faisait courir au capitaine, je m’engageais à verser à celui-ci une somme de dix mille francs, payable de la manière suivante :

Quinze cents francs en or le jour du départ et le reste quelques jours après notre arrivée à Sydney. Sans dire encore quels déportés je comptais enlever, je croyais pouvoir m’engager pour cette somme, connaissant les ressources de mes camarades. D’ailleurs, Ballière et moi étions disposés et en mesure de doubler les frais de notre évasion. Celle qui nous était proposée nous aurait coûté cinq cents francs, mais nous étions prêts à tous les sacrifices pour la délivrance de nos amis.

Quelques heures après cet entretien, j’eus le plaisir de saluer à la boucherie générale le capitaine du P. C. E. ; il avait la franche et loyale physionomie d’un vieux loup de mer : petit, trapu, le teint bronzé par les rudes caresses de la brise, son œil bleu, énergique et doux le rendait sympathique à première vue. Un signe maçonnique rapidement échangé nous