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Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/69

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mer. En cas de poursuite, nous serions infailliblement repris. Un signal du sémaphore et le pilote arrêtait notre marche.

Si cela arrivait, c’était notre exécution sommaire à bord, sous prétexte de résistance, ou, tout au moins, quelques années d’un cruel emprisonnement. Nous apprîmes plus tard que notre première hypothèse se serait réalisée si nous avions été repris.

Enfin, vers une heure, un dernier billet nous est jeté : « Passé les récifs, vous êtes sauvés ! »

Une heure plus tard, le panneau fut soulevé. Vallerstein s’introduisit auprès de nous ; il avait une recommandation à nous faire de la part du capitaine.

Celui-ci devait paraître ignorer notre présence à bord.

Tout l’équipage était occupé aux manœuvres sur le pont.

A notre apparition, l’excellent capitaine devait nous rudoyer d’importance et nous demander compte de notre présence à bord.

Nous nous déclarâmes prêts à nous conformer à ces instructions et Vallerstein nous montra le chemin pour arriver sur l’arrière.

Rochefort émergea, je le suivais, puis Pain, puis Grousset, puis Ballière, puis Bastien.

Les matelots ahuris ne pouvaient en croire leurs yeux. Le capitaine, appuyé au gouvernail, la mine sévère mais légèrement allumée par une forte absorption de bordeaux, accueillait chaque apparition par un « aoh ! » britannique des plus courroucés.