Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/78

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La prison, l’exil, Cayenne se le disputeront tour à tour. La monarchie de Juillet, la seconde République, le régime du 2 Décembre épuiseront contre lui toutes leurs rigueurs. Delescluze restera l’inflexible soldat du devoir.

Aux dernières heures de la lutte géante que sa mort va couronner, son vaillant esprit jusque là hésitant s’est éclairé aux lumières de la science nouvelle. Il a compris que la liberté politique doit avoir pour conséquence l’émancipation économique des travailleurs. Il entrevoit dans un lointain rayonnant la société future accomplissant sa mission de paix, de travail et de justice.

Delescluze donnera sa vie pour affirmer la grandeur des principes que la Commune représente.

Devant les conseils de guerre, un Gaveau accusera les chefs de la Révolution du 18 mars d’avoir déserté le combat. Ce furieux de réaction, mort plus tard dans une camisole de force, savait bien qu’il mentait.

Duval et Flourens n’étaient-ils pas morts glorieusement ?

Franckel, tout à l’heure, va tomber blessé derrière une barricade.

Raoul Rigault, fusillé la veille, ne s’est-il pas livré aux soldats pour épargner la vie d’un innocent ?

Varlin, cette rare intelligence, cette admirable figure du parti socialiste, après avoir cherché la mort en défendant les dernières barricades, sera lâchement assassiné par les « honnêtes gens » en délire.