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ANNÉE 1901

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8 mai.

Quelque fois j’écoute. C’est un répit extraordinaire. Des sou- venirs arrivent de très loin, qui m’aident à reconnaître l’étran- gère que je suis devenue.

Ilme semble que lés choses, les moindres petites extériorités, sont plus moi que moi-même, c’est en me recueillant que je me perds. Étourdis que vous êtes, n’essayez pas de « rentrer en vous-même ». En dedans il n’y a rien. Je le sais pour y avoir été mise en pénitence à une heure où il n’y avait pas encore de souvenirs. |

Et toujours ce sont les airs qui me rapatrient le mieux. A-t- on jamais remarqué que les airs sont au monde la seule chose humaine qui ne change pas… ? Un vieil air nous arrive de plus loin que les paroles qui l’accompagnent ; et pourtant la langue survit déjà à la race. Nous pouvons être sûrs que, quelque part au monde, s’entend le cri modulé du premier gosier qui chanta.

Apprendre : apprehendere, saisir au passage, s’accrocher, se cramponner.

Il faut vivre pour se venger de la mort.

« D’où il suit, en raisonnant comme nous le faisons, que la sagesse n’est pas la mesure, ni une vie sage, une vie mesurée, la Sagesse étant inséparable de la Beauté ; car il n’y à pas moyen de le nier, jamais, ou dans bien peu d’exceptions, les actions mesurées dans le cours de la vie, ne nous paraissent plus belles que celles qui sont accomplies avec énergie et vitesse.

« Et lors même, mon cher, que les ac- tions plus belles par la mesure que par la force et la vitesse, seraient aussi nom- breuses que les autres, on n’aurait pas pour cela le droit de dire que la Sagesse consiste plutôt à agir avec mesure qu’avec force et rapidité… Ni qu’une vie mesurée est plus sage qu’une vie sans mesure, »

CHARMIDE 1,

1. Feuille de garde du 3° cahier,