Page:Journal (Lenéru, 1945).pdf/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
303
ANNÉE 1904

Li ANNÉE 1904 303

artie contractante : « Je lui fis comprendre que, dans ma cituation, à l’âge où j’étais parvenue, on ne me pardonnerait de changer d’état que pour une fortune qui paraîtrait extré- mement avantageuse, et qu’enfin j’étais comme ces antiques qui augmentent de prix par leur ancienneté. »

Seulement il fallait rester Mie Delaunay, la fortune de Staal ne valait pas une femme d’esprit.

Elles ont beau réclamer, je ne souhaite pas la simplification des rapports entre les sexes. Il faut sauver la grande coquette parce que virtuose. Le flirt est superbe, comme toute lutte, comme tout grand jeu, pourvu que les joueurs soient de belle force.

Je n’ai aucune idée préconçue sur l’amour dont je me défie intensément comme de toute collaboration. Un mariage élé- gant entre mortels chics, fiers l’un de l’autre, assez raffinés pour tout sauver de leur vie par l’intelligence de la mort, je ne lui découvre pas d’autres formes souhaitables. Mais la coquetterie est le passe-temps suprême, l’escrime, l’entraîne- ment des beaux organismes. Elle est tout ce que nous pouvons sauver de notre droit à la cruauté.

Qu’est-ce qu’il y a dans certains livres ? Ce n’est pas le style, ni le reste du talent, il y en a aussi ailleurs. Mais ceux-là, dès qu’on y entre, on respire une atmosphère spéciale. On les prend mollement comme tout livre à commencer et puis l’on se redresse, on se ranime, on se retrouve Comme s’il arrivait quelqu’un, une visite brillante et chic un jour de pluie.

Je crois que c’est Le ion, rareté des raretés, et que « le style » le chasse au lieu de le donner. Le ton pour Le style est la phy- sionomie pour la beauté, le mouvement des lignes. A force de sacrifier à la phrase et au mot, ceux qui les écrivent oublient leur allure, leur tournure propre. Pour un surcroît médiocre de métaphore ils perdent l’autorité nerveuse de la phrase. Je ne remarque cette valeur de ton que chez les écrivains qui ont un physique. Il faut qu’ils aient dans leur chair le maniement