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ANNÉE 1907

ANNÉE 1907 5 janvier 1907.

NE année nouvelle, c’est pour moi un steppe parfaite- | ment uni et vide à franchir au galop. Au delà, peut- ÉtTE, se

13 Janvier.

Pierre Laugier est mort, exactement deux mois à un jour près — après notre grande conversation au mariage de Carle. C’est tante Hélène qui entendait et qui traduisait, mais c’est moi qui le poussais et c’est moi qu’il persuadait de sa mimique savante et sobre de sociétaire du Français, à peine plus habile que celle de Mgr Le Nordez ou de M° du Buit, prédicateur et avocat.

Je l’avais mis sur le théâtre pour. les femmes, je lui disais que les filles du monde y viendraient par là force des choses et qu’à moins de tomber sur un mari très chic, je conseillais « les planches » à mes amies.

Il disait : « Elle est charmante, charmante, charmante, Elle est absolument dans le faux, mais elle dit des choses très justes. » Et plus tard à ma tante G… : « Pourquoi ne se marie- t-elle pas cette fille-1à ? Moi, je ne peux pas, je suis pris. » Je me promettais qu’il me retrouverait un jour sur les planches, et sur les siennes « en esprit et en vérité ». Il devait venir me voir, et avec illogisme je disais : « Jé veux bien parce qu’il est le fils d’un membre de l’Institut et le neveu de l’amiral Arago, »

JOURNAL DE MARIE LENÉRU #1