ANNÉE IOIZ 345
lement. Il n’admet pas l’émotion de Sorrèze devant l’article d’un jeune homme. J’ai fait valoir qu’il s’agissait d’une défec- tion de disciple : « Si Tharaud écrivait un article contre Barrès, Barrès devrait en souffrir. Et si moi, j’écrivais des blas- phèmes contre vous, cela vous serait donc indifférent ? »
I] riait, il rit toujours. On peut quelquefois, en le cherchant, obtenir son sérieux :
Avez-vous lu mon article sur Binet-Valmer ?
— Oui, et si je ne m’étais dit qu’il vous l’avait sûrement demandé, j’aurais été assez jalouse.
— Alors vous avez vu comme je suis sévère pour les ma- nuscrits ? :
— Vous avez fait pleurer Binet-Valmer et vous ne serez content que quand vous aurez recommenté.…
« Je crois maintenant, puisque vous voulez bien me provo- quer à quelque profession de foi, qu’il ne faut pas considérer le théâtre d’idées comme une chose à part, il est vraiment honteux qu’on en soit venu à le faire. Il y a le théâtre intel- ligent par opposition au théâtre bête, Les « idées », ce n’est qu’une manière d’éclaircir le fond de tout ce qui n’est pas elles. Nos motifs profonds d’agir et de sentir qu’on appelle « idées » ne font que nous lier plus étroitement à l’action et aux sentiments, qu’il s’agisse de vivre ou qu’il s’agisse d’é- crire. » (Réponse à Paul Lombard.)
On a tant dit que le Redoutable était sommaire et je le disais aussi, mais enfin il faudrait s’arrêter. Le Redoutable est surtout une pièce courte et sans à-côtés. Relativement à la manière dont sont traitées les autres pièces, il est plus long en scènes faisant marcher directement l’action, et dans ces scènes, plus long en répliques de développement et d’appro- fondissement du sujet, plus riche, en somme, en globules blancs. Otez d’une pièce moderne tout l’à-côté, les mesures