78 JOURNAL DE MARIE LENÉRU
Lacordaire dit que ce fut là tout le secret des saints. Mon Dieu, me conduirez-vous jusque-là ? Au nom de ton fils NS. Jésus-Christ, je te le demande ! J’aime tant dire « tu » à Dieu — cela me donne plus de confiance. Quand on dit « tu » à ses pa- rents, on ne les respecte pas moins, d’ailleurs il n’y a qu’en français où les catholiques disent vous à Dieu.
Grande Rivière, mercredi 27 juin 1888.
Voici mon premier journal depuis ma confirmation. Ce grand acte marque-t-il vraiment une seconde partie dans cette his- toire de ma vie ? Espérons-le, Depuis ce jour, Ste-Thérèse dont j’ai pris le nom est devenue mon modèle et mon idéal ; je me suis sentie attirée par cette nature énergique, large, généreuse et intelligente ; à la fin de ce cahier, trouverai-je en moi les germes des vertus que cette sainte a si surnaturellement pra- tiquées ? Ceci est ce que Dieu sait et ce que moi j’espère ; je veux donc travailler dès ce moment à mon perfectionnement ; d’abord, quelle est la vertu dont je suis le plus éloignée ?
Aujourd’hui, Jundi 2 juillet, j’écris mon journal, à 8 heures du soir, sur la tablette de la fenêtre qui est ouverte, et de- vant une mer se brisant avec fracas. Le ciel qui toute la jour- née est resté couvert et d’où est tombée une pluie torren- tielle, commence à se découvrir et il a, dans le fond, des teintes roses délicieuses. Ah ! que c’est beau ces ouvrages du Créateur. La mer, par exemple, je ne connais rien de plus beau ; à côté d’elle, tout semble microscopique, et les bâti- ments ont l’air de joujoux. J’écris toutes ces choses parce QUES et er ace arme DURE
Mercredi 19 juiml. Maman est venue me chercher pour redescendre avec tout le monde. Ces dispositions de solitude monastique ne m’ont valu qu’un paquet. bien mérité.
1. Cette date est bien celle inscrite par Marie, ces lignes probablement 2N écrites postérieurement utilisent une fin de page. È
