Quand deux sūtras se contredisent, il est un double procédé pour résoudre la difficulté : ou bien nier l’authenticité du texte gênant[1] — les bouddhistes sont trop honnêtes et trop ingénieux pour abuser de cette ressource — ou plutôt démontrer que le Bouddha s’est placé en le promulguant au point de vue de la vérité relative. Certaines écoles vont jusqu’ā séparer avec précision les diverses périodes de l’enseignement[2].
La distinction des deux vérités est-elle autre chose qu’un expédient propre à satisfaire la piété des docteurs ? devons-nous croire, avec les bouddhistes, que
- ↑ Minayeff, Recherches, p. 221-222. — Sur les divergences entre les sectes quant à l’authenticité des Sūtras, voir, outre les fragments de l’Abhidh. k. v. cités par Minayeff, les passages suivants du même livre : atha katamasmin sūtre ṣaḍ hetava uktāḥ ? sarvo hy abhidharmaḥ sūtrārthaḥ sūtravyākhyānam ; antarhitaṃ tat sūtram iti Vaibhāṣikaḥ. tathā hy Ekottarikāgama ācatād dharmanirdeça āsīd, idānīṁ ty ādaçakā dṛçyanta iti (Burn. 134a 1). — na tarhi teṣāṁ buddhaḥ çāsteti buddhavacanam eṣāṁ na pramāṇam iti abhiprāyān na kilaitad buddhavcanam iti kenāpy adhyāropitany etāni sūtrāṇity abhiprāyaḥ (Burn., 473b 5).
- ↑ Les Yogācāras d’après Wassilieff, 287 (315) ; les Mādhyamikas s’en tiennent à la distinction des Véhicules. — Sur la classification des Sūtras, Wassilieff, 327 et suiv.
que la pensée, le monde extérieur n’est que pensée » : vérité vraie pour les Vijnānamātravādins ; pour les Sarvāstivādins, vérité utile en tant qu’elle détache des objets sensibles. — Comp. Wassilieff, 328.
La définition du paramārthasatya est très nette chez les Mādhyamikas : buddher agocaras tattvaṁ buddhiḥ saṁvṛtir ucyate (Bodhicaryāv. ix. 2). Tout ce qui appartient au domaine de la buddhi est sāṁvṛta. Aucune de nos conceptions en effet, si on la dissèque avec le scalpel de la science (prajñāçastra, ibid., v, 62 ; cp. Kathāv. cité p. 248, n. (a), ne supporte l’examen (vicāra-asahatva).
