Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naissance. Je vous supplie donc de vous asseoir sur ce fauteuil, tandis que je frapperai le plancher de mon front, et mettrai mon cœur à vos pieds. »

Hoa-thian répondit : « Le premier pas que j’ai fait vers vous était une véritable indiscrétion[1] ; mais ensuite, épris de votre mérite, et souhaitant ardemment de vous voir, je me suis arrêté long-tems dans votre jardin. — Quant à l’explication que j’ai eu lieu de donner au sous-préfet[2], ce n’est qu’une pièce impromptu jouée en passant, et non le fait d’un héros de race rouge ; comment donc aurais-je mérité que vous prissiez la peine de venir de mille li[3] ? Ce témoignage de votre bienveillance est tellement hors de proportion avec mes services, que je ne saurais en parler sans confusion ; mais puisque j’ai obtenu un de vos regards, qui vaut mieux que cent amis ordinaires, je veux m’incliner jusqu’à vos pieds pour vous prouver ma vive gratitude. »

Après une lutte prolongée d’humilité, les deux amis se saluèrent réciproquement de quatre révérences, et finirent par s’asseoir aux places que l’usage a fixées pour celui qui rend une visite et celui qui la reçoit.

  1. Hoa-thian, passant par le Fo-kian, à son retour de Canton, était entré par curiosité dans les jardins de Lieou-thsing. Mais il ne put pas voir ce jeune homme, qui se tenait alors caché pour se soustraire aux poursuites de ses ennemis.
  2. Hoa-thian, instruit de l’affaire de Lieou-thsing, avait plaidé sa cause près des autorités de son département.
  3. Environ cent lieues.