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Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/152

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se promener sous de grands saules, et se mit à contempler vaguement tous les objets qu’il avait sous les yeux.

Nombre d’oisifs, attirés par les fleurs nouvelles, allaient et venaient dans le même lieu, trois à trois, quatre à quatre, se succédant sans interruption. Pour Lieou-thsing, il y avait déjà long-tems qu’il se promenait seul, lorsque des garçons de la taverne des fleurs l’invitèrent respectueusement à boire. « Le vin est tiré », dirent-ils ; « nous ne savons pas quand viendra le seigneur qui l’a commandé ; mais en l’attendant, monsieur Lieou voudrait-il boire une tasse de vin ? » Lieou-thsing, animé par le spectacle des fleurs, accepta la proposition. Aussitôt ? des garçons étendirent un tapis sous le feuillage, dressèrent une table sur le tapis, et prièrent Lieou-thsing de s’asseoir et de se rafraîchir.

Après avoir bu quelques tasses, il vit venir un grand nombre de femmes en voitures et de soldats à cheval, formant l’escorte d’une chaise que par le nombre de ses porteurs Lieou-thsing jugea devoir appartenir à un officier-supérieur ; La personne ainsi escortée venait aussi pour jouir des fleurs nouvelles, et sa voiture passa près du bosquet où Lieou-thsing était assis.

Il est bon de dire que le Champ des fleurs était une promenade aussi vaste que belle, tellement que ceux qui s’y rendaient pouvaient choisir l’un une place, l’autre une autre, pour dresser des tables et former des banquets ou des jeux. Chacun s’y mettait à son aise sans avoir à redouter la moindre opposition.