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Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/17

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ces singularités ; non qu’on puisse démontrer que notre philosophe chinois ait effectivement pénétré jusque dans la Grèce, mais parce que rien n’assure qu’il n’y en soit pas venu d’autres vers la même époque, et que les Grecs n’en aient pas confondu quelqu’un dans le nombre de ces Scythes qui se faisaient remarquer par l’élégance de leurs mœurs, leur douceur et leur politesse.

Au reste, quand Lao-tseu se serait arrêté en Syrie, après avoir traversé la Perse, il eût déjà fait les trois quarts du chemin, et la partie la plus difficile. Depuis qu’on s’attache exclusivement à la recherche des faits, on conçoit à peine que le seul désir de connaître des opinions ait pu faire entreprendre des courses si pénibles. Mais c’était alors le tems des voyages philosophiques ; on bravait la fatigue pour aller chercher la sagesse, ou ce qu’on prenait pour elle ; et l’amour de la vérité lançait dans des entreprises devant lesquelles l’amour du gain eût reculé. Il y a dans ces excursions lointaines quelque chose de romanesque qui nous les rend a peine croyables. Nous ne saurions nous imaginer qu’à ces époques reculées, où la géographie était si peu perfectionnée et le monde encore enveloppé d’obscurité, des philosophes pussent, par l’effet d’une louable curiosité, quitter leur patrie, et parcourir, malgré mille obstacles et en traversant des régions inconnues, des parties considérables de l’ancien continent. Mais on ne doit pas nier tous les faits qui embarrassent, et ceux de ce genre se multiplient chaque jour, à mesure qu’on approfondit l’histoire