Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/293

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et qui signifie né sous une heureuse constellation ; mais aucun, à notre connaissance, ne s’est fait appeler Second Alexandre. Ce changement dans les idées ne s’est pas seulement fait sentir dans l’Inde, où les empereurs mogols, issus de Tamerlan, étaient intéressés à faire prévaloir le nom de ce conquérant ; on le retrouve jusqu’en Perse, où ou n’avait pas le même intérêt à rehausser la gloire du monarque tartare. On dirait donc que le nom d’Alexandre n’a pu tenir devant la fortune de Tamerlan ; ainsi tout change sur la terre ; tout passe, même la gloire des conquérans. Au reste, ces mots de nouvel Alexandre seraient mieux traduits Alexandre second, à s’en tenir à l’arabe ; mais ces mots, ainsi rendus, offrent un sens auquel les Orientaux n’ont jamais pensé. On ne dit pas en Orient Mahomet I, Mahomet II, comme nous disons Charles VIII et Charles IX. Quand, dans le même empire, il y a eu une suite de plusieurs princes du même nom ; par exemple, du nom de Mahomet, on les distingue parles noms de leur père. Ainsi on dit : Mahomet, fils de tel ; Mahomet, fils de tel autre ; et d’ailleurs, dans le cas présent, pour qui Elias-Schah pùt s’appeler Alexandre Second, il faudrait qu’il eût eu deux noms à la fois, Elias ou Elie et Sékander ou Alexandre ; il faudrait encore qu’il eût existé avant lui dans le Bengale un roi nommé Alexandre ; ce qu’il n’est pas possible d’admettre.

Nul doute que les titres de Bras droit du calife, de protecteur du commandeur des Croyans n’appartinssent aussi à Mohammed-Schah, sultan de Dehli ; c’était lui