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que par tradition. Un poète, un savant Mouni ou solitaire, qui passait pour fils de Djeimini, rassembla ces ouvrages, restitua les Vèdes, compila les Pourana ou anciennes chroniques poétiques, et fut lui-même l’auteur ou du moins l’éditeur du Mahâbhârata, et par conséquent du Bhagavad-Gita, qui depuis a été compris parmi les Oupanichat, espèce de livres canoniques chez les Indiens. Il n’a pas voulu que la postérité ignorât son nom, et d’une manière bizarre que nous remarquerons dans l’analyse du 10e chapitre de ce dernier poème, il nous apprend qu’il s’appelait Vyâsa. M. Halhed attribue cet ouvrage à un auteur qu’il nomme Adhac-Doum. Ce nom me paraît un peu suspect, et je m’en tiens à la version la plus commune, qui nous a transmis les noms et prénoms de Crichna Dwipayana Vyâsa. On dit même que ce dernier nom ne lui aurait été donné que comme synonyme de compilateur.

Incertains déjà sur le nom de l’auteur, nous le sommes encore plus sur le siècle où il a vécu. Nous avons des monumens de son esprit, nous les savons fort anciens, mais ils sont muets, quand nous les interrogeons sur leur antiquité. Les enthousiastes ne donnent pas à cet ouvrage moins de quatre mille ans d’existence : ce serait un bel âge s’il était possible de le prouver. Cependant, par un raisonnement assez plausible, on parvient à le faire remonter à mille ans au moins ayant notre ère : ce qui le rendrait encore assez vénérable. C’est au lecteur à apprécier toute la force de cet argument. On sait que le neuvième ava-