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faire entrer le grec ancien dans le domaine de la Société Asiatique se fera bien mieux sentir encore si l’on songe qu’avant le sixième siècle, il n’y a point de littérature arabe ; que les seuls historiens et géographes grecs nous entretiennent à tout moment des peuples de l’Asie, qu’eux surtout, qu’eux seuls nous montrent leur point de départ, leur point d’arrivée, soit comme vainqueurs, soit comme vaincus ; la lutte des immigrés pour faire adopter leur langue aux indigènes, leurs efforts par fois couronnés du succès ; et dès lors une langue asiatique souvent ou altérée ou perfectionnée, par un mélange de mots communs aux deux mondes.

Le seul et unique moyen pour distinguer le vrai du faux, pour mieux juger des étymologies asiatiques et quantité de termes importés en Asie par des Grecs ou conquérans, ou avides de nouveautés, ou commerçans, ou savans est donc de recourir aux historiens et géographes grecs lorsqu’ils parlent des peuples de l’Asie, et d’unir par conséquent l’histoire et même la géographie de ces peuples à l’histoire et à l’étude de leurs langues ; séparer l’un de l’autre, c’est préférer à une marche logique et à l’esprit de méthode, des procédés vagues, et des lueurs trompeuses.

Ces réflexions me sont venues à l’esprit, particulièrement en composant deux mémoires fort étendus, l’un sur l’itinéraire de Xerxès[1], l’autre sur les Thyniens d’Asie et sur Limen-Calpé, péninsule inaper-

  1. Géographie d’Hérodote, T. I, p. 174, et sqq.