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entre eux, et les deux adversaires furent vaincus. Pour preuve qu’ils avaient perdu le champ de bataille, ils se levèrent et étendirent un tapis en invitant leurs vainqueurs à s’asseoir.

Malgré la renommée de sa sainteté, Goodam avait bien des tentations à souffrir. Quatre belles et jeunes sœurs furent saisies d’une convoitise extrême. À la demande de leur frère, d’où leur venait cette extravagance, elles répondirent qu’elles étaient amoureuses de Goodam, et qu’elles voulaient se servir de tous leurs charmes pour le rendre favorable à leurs désirs. Elles se présentèrent devant lui déshabillées et dans leur beauté naturelle. Par un regard sévère, le saint leur témoigna sa fermeté inébranlable. Par une chiquenaude il les rendit honteuses comme une vieille femme. Dans leur rage impudique, elles lui avaient demandé « qui est, ô Goodam, le témoin menteur qui ose attester que les vertus de tous les saints antérieurs, se sont concentrées en toi. » Goodam, en colère, leur répondit en donnant un coup avec la main par terre : « Voilà mon témoin ! » Dans le même moment apparut Okün-tèngri, le génie tutélaire de la terre, disant à haute voix : « C’est moi qui suis le témoin de la vérité. » Aussitôt les filles impudiques se jetèrent par terre, et adorèrent Goodam par la confession suivante de leur croyance : « Face parfaite et pure, sagesse plus précieuse que l’or, majesté impénétrable ! honneur et adoration à toi, source de la foi des trois époques du monde. » C’est alors qu’on consacra la place sainte de la victoire remportée sur la séduction de l’impudicité. (La suite au prochain Cahier.)