Page:Journal asiatique, série 1, tome 4.djvu/375

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Où trouver Cordoue, le séjour des talens ? où sont tous ces savans qui ont brillé dans son sein ?

Où trouver Séville et les délices qui l’environnent ? où est son fleuve qui roule des eaux si pures, si abondantes, si délectables[1] ?

Villes superbes ! vos fondemens sont les fermes soutiens des provinces. Ah ! comment les provinces se soutiendront-elles si les fondemens sont renversés ?

L’Islamisme désolé verse des larmes amères sur nos contrées désertes et en proie aux infidèles.

Nos mosquées sont transformées en des églises, et mous n’y voyons que des cloches et des croix[2].

    des jardins délicieux, arrosés par un grand nombre de canaux. Xativa était célèbre par ses agrémens. C'était dans cette ville que les Arabes fabriquaient leur plus beau papier.

  1. Les poètes et les historiens arabes ne parlent de Séville qu’avec enthousiasme ; ils comparent le fleuve qui l’arrose (le Guadalquibir, ou grand fleuve) au Tigre, à l’Euphrate et au Nil. Les habitans de Séville étaient renommés par leur esprit, leur politesse, leur enjouement et leur goût pour les plaisirs.
    Dans l’original, Séville est appelée Émesse. Lorsque les Arabes firent la conquête de l’Espagne, ils donnèrent à quelques-unes des villes où ils s’établirent les noms des villes d’Orient qu’ils avaient quittées.Ainsi Séville fut appelée Émesse par les Arabes venus d’Émesse ; Grenade fut appelée Damas par ceux de Damas ; Jaen fut appelé Kinesrin par ceux de Kinesrin ; Malaca fut appelée Arden par ceux qui étaient venus des bords du Jourdain, nommé Arden en arabe. Les Arabes qui étaient venus de la Palestine, appelèrent Xerès, Palestine. Ceux qui étaient venus de Misr ou vieux Kaire, donnèrent au pays de Tadmir (Murcie), le nom de Misr.
  2. Le mot que je traduis par cloches est نواقيس nawâkis, plur. de ناقوس nâkous. Le nâkous était une grosse pièce de bois que les Chrétiens frappaient avec une autre moins forte, nommée وبيل wabil, pour avertir les fidèles de l’heure de la prière.