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Page:Journal asiatique, série 10, tome 18.djvu/511

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UN TRAITÉ MANICHÉEN RETROUVÉ EN CHINE.

tient l’ouvrage manichéen aujourd’hui conservé à Pékin[1]. M. Lo Tchen-yu, qui hésitait pour ce texte entre le nestorianisme, le mazdéisme et le manichéisme, s’est borné à le qualifier provisoirement de Po sseu kiao ts’an king 波斯教殘經, Livre saint incomplet d’une religion de la Perse.

Le manuscrit est en effet incomplet : le début manque. Mais il ne s’agit pas d’un texte fragmentaire. Le maniement même des rouleaux en endommageait très vite les premières sections ; il semble que ce fut le cas ici, et la lacune initiale ne doit pas être considérable. La fin du rouleau est intacte ; par malchance, le titre n’y a pas été répété ; nous ne pouvons donc dire immédiatement et sûrement de quelle œuvre manichéenne il s’agit. Toutefois, dans les premières lignes de la partie conservée, l’Envové de la Lumière, qui est certainement Mâni, s’adresse à un certain A-t’o (*A-da). Il semble bien que ce soit l’Ἀδδᾶς que les Acta Archelai indiquent comme l’apôtre du manichéisme en Orient, qui est nommé en outre dans les formules grecques d’abjuration à l’usage des manichéens et, sous la forme Addai, dans les Actes syriaques des martyrs persans ; ses écrits, selon Photius, auraient provoqué le traité de Titus de Bostra, et c’est aussi contre eux, plutôt que contre l’Évangile vivant de Mâni, qu’auraient été dirigés les sept premiers livres du traité de Diodore[2]. Notre ouvrage représenterait-il

  1. Cf. Comptes rendus de l’Acad. des Inscriptions, 1911, p. 604.
  2. Cf. Acta Archelai, chap. 4, p. 5 ; chap. 13, p. 22 ; chap. 64, p. 93 ; G. Hoffmann, Auszüge aus den syrischen Akten persischer Märtyrer, Leipzig, 1880, p. 76 ; Photius, Bibliotheca, no 85 ; Kessler, Mani, p. 70, 105, 108-109, 112, 156-157, 173-174, 177, 240, 364. Le texte de Photius est assez intéressant (nous citons la Bibliotheca d’après la traduction latine, 1606, in-4°, § 85) : Lecti sunt Heracliani Chalcedonensis Episcopi adversus Manichaeos libri viginti… Recenset item eos, qui ante se in Manichaeorum impietatem calamum strinxerunt… ; et Titum, qui cum se putavit contra Manichaeos scribere, in Addae magis libros scripsit… Denique et Diodorum illum, qui libris quinque et viginti cum Manichaeis certavit. Quorum septem prioribus putat quidem et Vividum se Manichaeorum Evangelium refellere ; at